OBJECTIFS
Inscrire la refondation du Pignada dans une vision globale de l’espace paysager et forestier du littoral d’Anglet.
La refondation du Pignada ne peut pas et ne doit pas se limiter à repenser la seule forêt du Pignada. Elle doit s’inscrire dans une vision stratégique à moyen et long terme déclinée dans un projet global d’aménagement de l’espace nord d’Anglet qui, au XIXème siècle, représentait un ensemble forestier homogène de plus de 300ha. Dans le respect de la Loi Littoral, des projections du GIEC (en particulier concernant les risques accrus de submersion et d’inondation, et l’évidence de hausse du niveau des eaux), et des recommandations issues des COP21 et COP26, le projet devra :
- couvrir le Pignada, le Lazaret, les lacs du Boucau et Izadia, le littoral, l’estuaire, les Espaces Proches du Rivage et Chiberta,
- traiter les problématiques patrimoniales, paysagères, climatiques, économiques et sociales,
- caractériser et dimensionner les capacités d’accueil et de transport,
- définir et partager un Plan Opérationnel de Secours prenant en compte les difficultés d’accès et de retrait du « cul de sac » de La Barre potentiellement accidentogène lors d’évènements soudains et imprévus (incendie du 30 juillet 2020, coups de brouillarta, …).
Cette pointe littorale qui a donné son nom à Anglet (angulu, angle en latin) est et doit rester une zone naturelle protégée entre océan, estuaire et forêt dont la préservation dépendra de la capacité à limiter la surfréquentation anthropique.
Sécuriser le foncier forestier
Au travers des règles et les documents d’urbanisme, des dispositions sur les espaces naturels sensibles et de l’application du régime forestier, le foncier forestier doit être sécurisé. La forêt doit strictement rester forêt, adaptée à son environnement et aux évolutions climatiques attendues, résiliente, et jouer son rôle de poumon vert d’une polarité urbaine dans un compromis acceptable entre forêt sauvage et havre de nature pour ses visiteurs. Aucune construction nouvelle n’y sera autorisée, une réflexion sur la restitution de bâtis à la forêt pourra être menée à l’instar des projets de relocalisation de biens littoraux menacés par l’érosion.
Définir un Plan de gestion de la Forêt de Pignada
Le plan de gestion du Pignada arrive à son terme en 2022 et un nouvel « aménagement » va être élaboré. L’ONF, au nom de l’État, aura la responsabilité d’élaborer ce plan de gestion qui sera proposé à la délibération du Conseil Municipal, du Conseil Départemental et des Servantes de Marie. Il devra dérouler un phasage aligné sur l’évolution de la forêt replantée et planifier l’évolution concomitante de la forêt non sinistrée.
En tant que représentant d’usagers de la forêt et veillant à la préservation du patrimoine des quartiers littoraux d’Anglet, l’association AdALA entend participer activement à une nécessaire concertation autour de l’élaboration de ce Plan de Gestion.
ACTIONS
Replanter
La vocation du Pignada, du Lazaret et des espaces boisés de Chiberta (Bois des Chasseurs, partie boisée d’Izadia, terrains privés de Chiberta) est de rester boisés. Les Espaces Boisés Classés devront conserver leur classement.
Depuis la loi ALUR, on observe un morcellement des terrains de Chiberta. Il n’est plus rare de trouver 3 parcelles de 500 m2 là où il y avait avant une seule parcelle de 1500 m2 avec pour conséquence une forte diminution des pins plantés. La tendance doit être inversée par des contraintes plus strictes dans les règlements du PLU et par un contrôle accru et efficace des permis de construire.
Diversifier
Les essences choisies devront, pour l’essentiel, respecter la signature Pignada (des pins maritimes) et répondre aux évolutions climatiques annoncées et aux impératifs de résilience face aux risques d’incendie et aux risques sanitaires (chenilles processionnaires, scolytes, nématodes) en développant ou introduisant des espèces comme les chênes verts, les chênes lièges, les arbousiers, …
On peut imaginer, pour sécuriser le massif, que, à la marge, certaines parcelles soient converties en parc urbain entretenu dans lequel ne seraient maintenus que des grands arbres en faible densité et sans végétation de sous-étage.
Biodiversifier
La biodiversité végétale et animale sera favorisée par une affectation différenciée par parcelle d’essences et d’usages.
Occuper l’espace et le temps
Les choix qui seront faits d’affectation d’essences et d’usages sur les parcelles devront être élaborés à l’échelle de tout le massif boisé et pas seulement de la partie incendiée à reconstruire.
De même, le plan de gestion de la forêt, les boisements, les cheminements, les usages, la police devront prendre en compte la temporalité de court terme (périodes de hauts risques par exemple) et de long terme (grandissement des fûts, sous-bois, …).
Gérer les usages
Sur la base d’un inventaire des usages « d’avant », des choix politiques devront être faits pour autoriser et/ou restreindre les usages dans la forêt. Certains usages ne devront plus être acceptés (engins motorisés, chasse), d’autres devront être encadrés (promenades hippiques), d’autres encore devront être discutés (accrobranche). Les accès à la forêt seront soumis à autorisation et restreints si nécessaire (périodes de coupes de bois, …), voire interdits lors des périodes à haut risque de forte chaleur et/ou vent, en mettant les moyens nécessaires pour faire appliquer le réglementation.
Prendre soin de l’eau
Le sous-sol du Pignada abrite une nappe phréatique qui contribue à l’alimentation en eau potable de la population. Cette ressource doit être précieusement sécurisée, non seulement en veillant à ne pas directement polluer le sol qui la recouvre en n’autorisant pas d’activités polluantes dans la forêt ou lors des opérations d’entretien, mais également en prenant les mesures qui s’imposent pour réduire aux normes les pollutions émises par les industries du port de Bayonne dont une publication récente de l’ARS démontre qu’elles sont responsables de l’émission de métaux lourds, plomb et zinc en particulier, que l’on peut retrouver, de l’avis même de l’ARS, dans le sol et/ou dans la nappe phréatique.
Entretenir
Afin de prévenir les risques d’incendie et de prolifération d’insectes destructeurs tout en maintenant une nécessaire biodiversité, le Plan de Gestion de la forêt devra s’appuyer sur les obligations légales de débroussaillement dont on devra s’assurer de l’application, que ce soit pour les parcelles forestières ou pour les parcelles privées de Chiberta, et s’accompagner de contrôles d’exécution des obligations.
Des techniques douces de débroussaillement existent, elles devront être privilégiées.
Prévenir les incendies
Un « bon » incendie est un incendie qui n’arrive pas. Les mesures de prévention suivantes devront être prises ou améliorées :
- surveiller le massif par la construction en point haut d’une tour de guet équipée de systèmes de surveillance et d’alerte automatiques à 360°. Cette tour, qui devra s’intégrer architecturalement dans le massif, sera conçue comme un belvédère panoramique et pédagogique reliant l’océan et les montagnes pyrénéennes,
- surveiller la forêt en reconduisant chaque été la brigade de 6 jeunes mobilisés pour surveiller et informer,
- mailler le massif par des bornes incendie en nombre et lieux pertinents et les relier par des pistes en revêtement écologique permettant la circulation rapide, si nécessaire, des moyens de lutte contre le feu, pistes pouvant servir en temps ordinaire de pistes cyclables,
- disposer à la caserne d’Anglet d’une brigade de pompiers professionnels et volontaires formés aux incendies de forêts en milieu urbain, disposant des matériels adaptés, et mobilisable sans tarder en cas d’alerte, l’épisode du 30 juillet 2020 a montré à quel point l’intervention rapide des Canadair a été déterminante. La question de la présence à demeure de Canadairs sur un terrain proche (Parme, Mérignac, …) lors de la période à risque serait un plus indéniable pour la protection des massifs forestiers des Landes et d’Anglet.
Associer, communiquer, sanctionner
Les populations et associations devront être associées à l’élaboration des choix relatifs à la refondation à la forêt. Ils seront ainsi compris et admis.
La communication doit être considérée à chaque étape comme une tâche majeure de ce vaste projet structurant, que ce soit lors des phases de conception (vision globale de l’aménagement de la zone nord-littorale d’Anglet, refondation de la forêt), de plantation (architecture de la forêt, espèces retenues, calendrier, coûts, …), d’entretien (coupes de bois, débroussaillement, …), d’usage quotidien.
La communication doit être portée par tous les vecteurs possibles dans un souci d’efficacité, et s’étendre au plus proche des usagers. En particulier, elle peut être portée en forêt par la brigade de 6 jeunes mobilisés chaque été par la Mairie et par une brigade assermentée dotée de pouvoirs de police afin de sanctionner les contrevenants (barbecues, cigarettes, engins motorisés, promeneurs de chiens non tenus en laisse, randonneurs et cavaliers sur des chemins non autorisés, …). Ces brigades intervenant dans la forêt seraient un atout dans la détection précoce de départs éventuels de feu. Enfin, la Maison Forestière de Montbrun serait un lieu idéal pour abriter un espace pédagogique et d’information. Quelques expériences pourraient être étudiées comme, par exemple, affouage, appel à projets résiniers et filière aval, …